Published on May 15, 2024

La clé de la relaxation profonde n’est pas de *réussir* à méditer parfaitement, mais d’apprendre à envoyer des signaux de sécurité à votre système nerveux pour le désamorcer.

  • Les distractions comme Netflix ou les réseaux sociaux activent votre cerveau au lieu de le calmer, vous gardant en mode alerte.
  • La régularité d’une pratique de quelques minutes est bien plus efficace qu’une séance parfaite mais occasionnelle.

Recommandation : Intégrez une micro-routine de relaxation de 10 minutes chaque soir avant de dormir en vous concentrant sur des gestes physiologiques simples plutôt que sur la performance.

Les épaules nouées en permanence, la mâchoire si serrée qu’elle en devient douloureuse, un sommeil qui ressemble plus à une trêve agitée qu’à un vrai repos. Ce portrait vous semble familier ? C’est le quotidien de nombreux Québécois, pris dans un tourbillon d’exigences professionnelles et personnelles. Le corps est constamment en mode « combat-fuite », une suractivation du système nerveux sympathique qui devient chronique. Face à cela, le réflexe est souvent de s’affaler devant Netflix ou de faire défiler sans fin les réseaux sociaux, en pensant que cela suffit à décompresser.

Pourtant, ces activités ne font que remplacer une stimulation par une autre. Elles occupent l’esprit, mais ne calment pas le corps. On entend alors parler de méditation, de pleine conscience, mais l’idée même de devoir “vider son esprit” ou de “réussir à se relaxer” devient une source de stress supplémentaire. On essaie une application, on n’y “arrive pas”, et on abandonne, convaincu que la relaxation n’est pas pour nous. Mais si la véritable clé n’était pas dans la recherche d’une perfection spirituelle, mais plutôt dans la compréhension de notre propre physiologie ? Et si des techniques simples, laïques et validées scientifiquement pouvaient, en quelques minutes, envoyer un signal clair de “fin d’alerte” à notre système nerveux ?

Cet article a été conçu comme une boîte à outils pratique. Nous allons démystifier la relaxation profonde et vous montrer comment, au Québec, il est possible de la rendre accessible et efficace au quotidien. Nous explorerons pourquoi vos habitudes actuelles ne fonctionnent pas, comparerons des méthodes concrètes pour que vous trouviez la vôtre, et nous déconstruirons l’erreur la plus commune qui sabote vos efforts. L’objectif n’est pas de vous transformer en moine zen, mais de vous donner des leviers concrets pour reprendre le contrôle de votre état interne, un soupir à la fois.

Pour naviguer à travers ces stratégies et trouver celle qui vous convient le mieux, voici le parcours que nous vous proposons. Chaque étape est conçue pour construire votre autonomie et vous outiller face au stress chronique.

Pourquoi Netflix et réseaux sociaux ne relaxent pas vraiment votre système nerveux québécois ?

Après une longue journée, s’effondrer sur le canapé pour une séance de “binge-watching” ou de “scrolling” semble être la récompense ultime, un moment de décompression mérité. Pourtant, cette sensation de détente est un leurre pour votre système nerveux. Ces activités ne sont pas de la relaxation ; ce sont des distractions de haute intensité. Votre cerveau, loin de se mettre au repos, est bombardé d’informations, de changements de scènes rapides et de notifications. Ce flux constant maintient votre système nerveux sympathique, celui de l’alerte et de l’action, dans un état de légère activation permanente. C’est comme laisser le moteur de sa voiture tourner toute la nuit : ça consomme de l’énergie et ça use les pièces.

L’enquête NETendances 2024 révèle que plus de 61 % des utilisateurs québécois consomment fréquemment des vidéos courtes au format vertical, un format spécifiquement conçu pour capter l’attention de manière agressive et fragmentée. Cette stimulation constante a des conséquences bien réelles. Une étude de Statistique Canada a montré qu’un cinquième des Canadiens, avec des taux particulièrement élevés chez les jeunes adultes, déclarent perdre du sommeil et avoir de la difficulté à se concentrer à cause de leur utilisation des médias sociaux. Plutôt que de permettre au système parasympathique (celui du repos et de la digestion) de prendre le relais, nous entretenons un état de stress de bas niveau qui empêche la véritable récupération.

La vraie relaxation implique une diminution active de la stimulation externe et interne. Elle demande un passage conscient d’un mode “réactif” à un mode “réceptif”. Les écrans, par leur nature même, nous ancrent dans le premier, nous coupant des signaux subtils de notre propre corps qui nous indiquent qu’il est temps de ralentir. Le défi n’est donc pas de trouver une meilleure série à regarder, mais de réapprendre à tolérer, et même à apprécier, des moments de plus faible stimulation pour permettre à notre biologie de faire son travail de réparation.

Reconnaître que ces habitudes sont des anesthésiants temporaires plutôt que des remèdes est le premier pas fondamental vers un mieux-être durable.

Comment relâcher toutes les tensions musculaires de votre corps en 15 minutes au Québec ?

Les tensions chroniques qui s’accumulent dans le cou, les épaules ou la mâchoire sont la manifestation physique d’un système nerveux en alerte. Pour désamorcer cette armure musculaire, une des techniques les plus directes et efficaces est la relaxation musculaire progressive de Jacobson. Le principe est d’une simplicité désarmante : en contractant volontairement un groupe musculaire pendant quelques secondes, puis en le relâchant complètement, vous apprenez à votre cerveau à mieux percevoir et amplifier la sensation de détente. C’est un dialogue direct avec votre corps, sans jargon ni spiritualité.

La méthode est accessible à tous, même à votre bureau entre deux réunions. L’idée est de parcourir systématiquement votre corps. Commencez par les pieds : contractez les muscles de vos pieds et de vos mollets aussi fort que possible pendant 5 secondes, en sentant la tension. Puis, relâchez d’un coup et prenez 15 secondes pour savourer la vague de chaleur et de lourdeur qui s’installe. Remontez ensuite aux cuisses, aux fessiers, à l’abdomen, au dos, aux bras, aux mains, et terminez par les épaules, le cou et le visage (en fronçant les sourcils puis en relâchant). L’exercice complet prend environ 15 minutes.

Personne pratiquant des étirements de bureau avec vue sur les gratte-ciels de Montréal en arrière-plan
Written by François Bouchard, François Bouchard est psychologue clinicien depuis 16 ans, membre de l'Ordre des psychologues du Québec, titulaire d'un doctorat en psychologie de l'Université Laval et actuellement psychothérapeute en pratique privée à Québec, spécialisé en thérapie cognitivo-comportementale, gestion du stress, prévention de l'épuisement professionnel et régulation émotionnelle. Il intervient également comme superviseur clinique auprès de jeunes psychologues et formateur en santé mentale en milieu de travail.