Published on May 18, 2024

Contrairement à la croyance populaire, la clé d’une connexion ressourçante avec la nature n’est pas de multiplier les randonnées, mais de transformer notre façon d’y être présent.

  • La science valide les bienfaits intuitifs : une marche contemplative en forêt peut réduire significativement le cortisol, l’hormone du stress.
  • Le shinrin-yoku (bain de forêt) n’est pas une performance, mais une pratique de présence sensorielle accessible à tous, même en ville.

Recommandation : Abandonnez la montre et l’obsession de la distance. La magie opère quand on cesse de mesurer pour commencer à ressentir, en engageant un dialogue sensoriel avec le vivant.

Face au rythme effréné de la vie urbaine, nombreux sont les Québécois qui ressentent un appel puissant, presque primal, vers les vastes étendues de nature de la province. On nous conseille souvent de « sortir prendre l’air », de faire de la randonnée pour « déconnecter ». Ces activités, bien que bénéfiques, ne font souvent qu’effleurer la surface d’une relation bien plus profonde et transformatrice qui nous attend. On enfile nos bottes de marche, on active notre application de suivi, et on part conquérir un sentier, mais on ramène souvent notre agitation mentale avec nous.

Et si la véritable clé du ressourcement ne se trouvait pas dans la distance parcourue ou le dénivelé gravi ? Si l’approche quantitative, obsédée par la performance, était justement ce qui nous empêche d’accéder à la magie de la forêt ? Cet article propose une rupture. Nous n’allons pas parler de la nature comme d’un gymnase à ciel ouvert ou d’une simple destination de fin de semaine. Nous allons l’aborder comme un partenaire, un espace de guérison et de sagesse, avec lequel il est possible d’établir une présence réciproque.

Ensemble, nous explorerons comment le shinrin-yoku, ou bain de forêt, est bien plus qu’une simple promenade. Nous verrons comment la science moderne valide des intuitions ancestrales sur le pouvoir de la forêt, pourquoi ralentir est un acte révolutionnaire, et comment vous pouvez cultiver cette connexion contemplative où que vous soyez au Québec, transformant chaque parcelle de verdure en sanctuaire.

Pour vous guider dans cette exploration intérieure et extérieure, cet article est structuré pour vous accompagner pas à pas, de la science derrière les bienfaits de la forêt à la pratique concrète, en ville comme en retraite.

Sommaire : Le guide pour une connexion profonde avec la nature au Québec

Pourquoi 2 heures de marche contemplative en forêt réduisent le cortisol de 30 % au Québec ?

Cette affirmation, qui semble presque trop belle pour être vraie, repose sur des mécanismes biochimiques fascinants. L’immersion en forêt n’est pas une simple détente psychologique ; elle déclenche une cascade de réponses physiologiques qui combattent activement le stress. Le principal acteur de ce phénomène est l’exposition aux phytoncides, des composés organiques volatils émis par les arbres, notamment les conifères comme le pin et le cèdre, omniprésents dans nos forêts québécoises. En respirant l’air de la forêt, nous inhalons ces molécules qui ont un effet direct sur notre système nerveux, réduisant la production de cortisol, la principale hormone du stress.

Une étude a d’ailleurs mesuré qu’une simple immersion en nature pouvait entraîner une baisse du cortisol de près de 29,1 % en moins de 40 minutes. L’effet est donc rapide et puissant. Mais la durée est aussi importante : une exposition prolongée permet non seulement de diminuer le stress, mais aussi de stimuler notre système immunitaire. Il ne s’agit donc pas d’une simple impression de bien-être, mais d’une véritable thérapie naturelle.

L’expérience de Bernadette Rey au Mont-Saint-Bruno

Bernadette Rey, guide certifiée en shinrin-yoku, a transformé le parc national du Mont-Saint-Bruno en un véritable laboratoire thérapeutique. Suite à un diagnostic médical grave qui a bouleversé sa vie, elle s’est tournée vers la forêt comme source de guérison. Elle témoigne d’une réduction drastique de son propre stress et accompagne aujourd’hui des groupes dans des marches méditatives. Elle met à profit les essences typiquement québécoises, invitant les participants à un dialogue sensoriel avec le pin, le cèdre et l’érable pour amplifier les bienfaits de la pratique.

Ce n’est donc pas la marche en elle-même qui est magique, mais la qualité de présence dans cet environnement biochimiquement riche. Le simple fait de marcher lentement, de respirer profondément et de s’ouvrir à l’environnement forestier active ces mécanismes de régulation naturelle que nous portons tous en nous. La forêt québécoise devient ainsi une alliée thérapeutique accessible à tous.

Comment pratiquer le shinrin-yoku (bain de forêt) dans les parcs près de Montréal ?

Le shinrin-yoku, ou bain de forêt, n’exige pas de s’enfoncer dans des contrées sauvages et isolées. Les parcs urbains et périurbains du Québec, particulièrement ceux de la région de Montréal, sont des terrains de jeu parfaits pour initier cette pratique. Le secret n’est pas la destination, mais l’intention. L’objectif est de passer d’une logique de déplacement à une logique d’immersion. Il s’agit de ralentir radicalement et d’ouvrir grand ses sens, de créer un véritable dialogue sensoriel avec son environnement.

Le parc du Mont-Royal, par exemple, est un lieu idéal. Plutôt que de suivre les sentiers principaux à vive allure, trouvez un coin plus tranquille, sous un bosquet d’arbres. L’invitation est simple : arrêtez-vous. Éteignez votre téléphone. Commencez par écouter. Identifiez les différents sons : le chant d’un oiseau, le bruissement des feuilles, le murmure lointain de la ville. Puis, portez votre attention sur l’odorat, la vue, et enfin, le toucher.

Vue macro d'une main touchant délicatement la mousse sur un tronc d'érable au Mont-Royal
Written by François Bouchard, François Bouchard est psychologue clinicien depuis 16 ans, membre de l'Ordre des psychologues du Québec, titulaire d'un doctorat en psychologie de l'Université Laval et actuellement psychothérapeute en pratique privée à Québec, spécialisé en thérapie cognitivo-comportementale, gestion du stress, prévention de l'épuisement professionnel et régulation émotionnelle. Il intervient également comme superviseur clinique auprès de jeunes psychologues et formateur en santé mentale en milieu de travail.