Published on May 16, 2024

Contrairement à la croyance populaire, la clé pour percer dans la tech au Québec sans diplôme n’est pas de postuler partout, mais de déployer une stratégie de preuve ciblée sur le marché local.

  • Les entreprises, face à la pénurie, valorisent les compétences concrètes et la capacité d’apprentissage plus que le parcours académique.
  • La véritable porte d’entrée n’est pas chez les géants comme Google ou Ubisoft, mais au sein du “marché caché” des PME qui composent 95 % du secteur.

Recommandation : Concentrez vos efforts sur la création d’un portfolio GitHub avec des projets résolvant des problèmes québécois et bâtissez votre réseau au sein des PME tech locales.

Vous sentez l’effervescence de la scène technologique montréalaise, vous voyez les opportunités dans l’intelligence artificielle, le jeu vidéo ou la fintech, et vous vous dites : “j’en veux une part”. Mais une petite voix vous freine : “Je n’ai pas de baccalauréat en informatique”. Si vous venez des sciences humaines, du commerce ou des arts, ce syndrome de l’imposteur est probablement votre plus grand obstacle. Laissez-moi vous dire une chose en tant que recruteur et mentor qui a vu des dizaines de profils comme le vôtre réussir : votre expérience antérieure n’est pas un handicap, c’est un atout. Mais pour le faire valoir, il faut changer de perspective.

On vous a sûrement conseillé de suivre un bootcamp, de créer un portfolio et de réseauter. Ces conseils sont justes, mais terriblement incomplets. Ils omettent le plus important : le contexte québécois. Postuler dans la tech ici n’est pas la même chose qu’à San Francisco. La culture d’entreprise, la taille du marché et les attentes des recruteurs sont différentes. Et si la véritable clé n’était pas de cocher la case “diplôme” ou “bootcamp”, mais de bâtir une stratégie de preuve ciblée ? C’est-à-dire de démontrer activement, par des actions concrètes, que vous comprenez les problèmes locaux et que vous avez les compétences pour les résoudre.

Cet article n’est pas une liste de vœux pieux. C’est un plan de match, celui que je donne à mes mentorés. Nous allons démystifier pourquoi les portes sont plus ouvertes que vous ne le pensez, comment choisir la bonne formation intensive, et surtout, comment bâtir votre légitimité technique projet par projet. Nous verrons pourquoi votre premier réflexe de viser les grands noms est une erreur et comment le réseautage intelligent dans les meetups montréalais peut faire toute la différence pour décrocher ce premier emploi.

Pour naviguer efficacement à travers les stratégies et conseils qui suivront, ce sommaire vous guidera vers les sections clés. Chaque partie est conçue pour vous fournir des informations concrètes et actionnables, vous permettant de construire pas à pas votre chemin vers une carrière florissante dans la tech québécoise.

Pourquoi les entreprises tech québécoises embauchent de plus en plus sans diplôme formel ?

Les entreprises tech québécoises embauchent sans diplôme formel par pure nécessité pragmatique : une pénurie criante de talents les force à privilégier les compétences concrètes et la capacité d’apprentissage rapide sur le parcours académique traditionnel. Ce n’est pas un acte de bienveillance, mais une décision d’affaires stratégique. Quand le besoin est urgent, on ne peut plus se permettre de filtrer les candidats sur la base d’un critère devenu secondaire.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Au deuxième trimestre de 2024, on dénombrait plus de 139 400 postes vacants au Québec, une part significative touchant le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC). Face à un tel déficit, un recruteur avisé se pose une question simple : “Cette personne peut-elle faire le travail ?”. Votre portfolio de projets, votre activité sur GitHub et votre capacité à articuler votre pensée technique lors d’un entretien deviennent alors bien plus éloquents qu’une ligne sur un CV.

Cette tendance est particulièrement forte dans l’écosystème des PME, qui constitue la majorité du tissu économique technologique de la province. Contrairement aux multinationales avec leurs processus de recrutement rigides et automatisés, les PME sont plus agiles. Le gestionnaire qui recrute est souvent le même qui dirigera l’équipe. Il cherche moins un pedigree qu’un collègue fiable, motivé et capable de s’adapter. Si vous pouvez prouver que vous possédez ces qualités, la porte n’est pas seulement entrouverte ; elle est grande ouverte.

En somme, le marché québécois actuel offre une opportunité unique pour les profils en reconversion. La demande dépasse l’offre à un point tel que la preuve par la compétence a finalement pris le pas sur la preuve par le diplôme. C’est à vous de saisir cette chance en bâtissant un dossier solide qui parle le langage des résultats.

Bootcamp en développement web, data ou UX/UI : lequel choisir au Québec ?

Choisir un bootcamp, c’est comme choisir un outil : le meilleur est celui qui est adapté à la tâche que vous visez. La question n’est pas “Quel est le meilleur bootcamp ?” mais “Quel bootcamp m’alignera le mieux avec mes objectifs de carrière dans l’écosystème québécois ?”. Que vous soyez attiré par le développement web, la science des données ou le design d’expérience utilisateur (UX/UI), votre décision doit être éclairée par les besoins du marché local et votre propre profil.

Par exemple, des programmes comme Le Wagon Montréal sont reconnus pour leur immersion dans l’écosystème local. Ils ne se contentent pas d’enseigner le code; ils vous plongent dans un environnement où startups, incubateurs et investisseurs se côtoient. C’est un avantage considérable pour construire son réseau. Pour vous aider à y voir plus clair, voici une comparaison de quelques options populaires au Québec.

Comparaison des principales formations bootcamp au Québec
École Durée Spécialisation Format
Le Wagon 9-24 semaines Web Dev, Data Science Temps plein/partiel
Lighthouse Labs 12-30 semaines Web, Data, Cybersécurité Temps plein/partiel
CodeBoxx 16 semaines Full-stack .NET Temps plein
42 Québec 12-24 mois Programmation générale Auto-apprentissage

Ce tableau n’est qu’un point de départ. L’ambiance et la culture d’apprentissage sont tout aussi importantes. Recherchez un environnement qui favorise la collaboration et la résolution de problèmes en équipe, car ce sont les compétences que les recruteurs valorisent le plus.

Étudiants travaillant en équipe dans un espace de formation bootcamp moderne à Montréal
Written by Marc Gagnon, Marc Gagnon est conseiller en développement économique régional depuis 16 ans, titulaire d'un MBA de HEC Montréal et d'une formation en développement territorial, actuellement directeur du développement économique dans une municipalité régionale de comté des Cantons-de-l'Est. Il accompagne les entrepreneurs et PME manufacturières dans leur croissance, leur accès au financement et leur transition écologique.