Published on March 15, 2024

Posséder une automobile au Québec coûte souvent plus de 12 000 $ par an, un fardeau financier majeur qui emprisonne de nombreux ménages.

  • Le coût réel d’un véhicule inclut des frais cachés massifs comme la dépréciation et le coût d’opportunité financier.
  • Un “cocktail de mobilité” (transport en commun, autopartage, vélo) est une solution viable et économique, même en dehors des grands centres urbains.

Recommandation : Avant de vendre votre voiture, testez une “hibernation” de 90 jours pour quantifier précisément vos économies et évaluer les alternatives qui répondent à vos besoins réels.

Pour de nombreux Québécois, la facture automobile mensuelle qui oscille entre 600 $ et 1000 $ est une réalité douloureuse. Entre le paiement du véhicule, l’essence, les assurances et le stationnement, on se sent rapidement prisonnier d’un modèle coûteux. On pense souvent qu’il n’y a pas d’autre choix, surtout quand on a une famille ou qu’on habite en dehors de l’hypercentre.

Les solutions habituelles, comme “prendre le métro” ou “faire du vélo”, semblent souvent simplistes et déconnectées des contraintes réelles : l’épicerie du samedi, les visites à la famille en région, ou simplement le rude hiver québécois. Mais si le vrai problème n’était pas le besoin absolu d’une voiture, mais plutôt l’habitude de posséder un actif de plusieurs milliers de dollars pour une poignée de trajets critiques par année ? Et si la clé n’était pas une rupture radicale, mais une optimisation pragmatique ?

Cet article propose une approche différente. Oublions le dogmatisme anti-voiture. En tant qu’urbaniste et conseiller en mobilité, je vous propose une démarche basée sur des calculs honnêtes et une transition progressive. Nous allons d’abord quantifier le coût total de votre véhicule, puis explorer comment bâtir un “cocktail de mobilité” sur mesure, viable et libérateur. L’objectif n’est pas de sacrifier votre liberté, mais de la redéfinir en optimisant vos déplacements selon vos besoins réels, pour votre portefeuille et pour la planète.

Pour vous guider dans cette réflexion, cet article est structuré pour vous accompagner pas à pas, du constat financier à la mise en place d’une nouvelle stratégie de mobilité. Découvrez les étapes clés pour transformer votre façon de vous déplacer au Québec.

Pourquoi votre auto vous coûte réellement 12 000 $CAD/an au Québec ?

Le premier obstacle à un changement de mobilité est la sous-estimation chronique du coût réel d’une voiture. On voit le paiement mensuel, le plein d’essence, mais on oublie les frais massifs qui se cachent derrière. Le coût de possession total d’un véhicule va bien au-delà de ce qui sort de votre compte chaque mois. Il inclut des dépenses fixes et variables souvent invisibles, comme la dépréciation, les assurances, l’immatriculation, l’entretien, les pneus, et le stationnement.

Au Québec, le coût annuel moyen d’utilisation d’un véhicule peut facilement dépasser les 10 000 $. Selon les estimations, ce montant varie de 9 500 $ pour une voiture compacte et peut grimper jusqu’à 15 000 $ pour un VUS. C’est une somme considérable qui, si elle était libérée, pourrait transformer radicalement la santé financière d’un ménage.

Pour visualiser cet écart, voici une comparaison basée sur des données québécoises qui oppose le budget d’un propriétaire de voiture à celui d’un utilisateur de mobilité alternative.

Comparaison du coût annuel : Voiture personnelle vs. Budget de mobilité alternative
Type de dépense Voiture personnelle Mobilité alternative
Abonnement transport (STM/RTC) 0 $ 1 128 $/an
Communauto (usage modéré) 0 $ 2 400 $/an
BIXI/vélo 0 $ 300 $/an
Dépréciation véhicule 3 500 $/an 0 $
Assurances 1 200 $/an 0 $
Essence 3 300 $/an 0 $
Entretien/réparations 1 500 $/an 0 $
Immatriculation/permis 350 $/an 0 $
Stationnement 1 800 $/an 0 $
Locations ponctuelles 0 $ 1 200 $/an
Total annuel 11 650 $ 5 028 $

Étude de cas : Le coût d’opportunité sur 5 ans

Au-delà des dépenses directes, il y a le coût d’opportunité. Une étude de Trajectoire et de la Fondation David Suzuki a révélé ce qu’un ménage québécois pourrait faire avec les 60 000 $ économisés sur cinq ans sans voiture. Avec cette somme, il serait possible de maximiser ses cotisations REER/CELI (30 000 $), de financer un voyage sabbatique de trois mois (15 000 $) et de conserver une solide réserve d’urgence de 15 000 $. C’est la différence entre être financièrement contraint et se donner les moyens de réaliser ses projets de vie.

L’écart de plus de 6 000 $ par an n’est pas une simple économie; c’est un levier de liberté financière. La question n’est donc plus “Puis-je me passer de ma voiture ?” mais “Puis-je encore me permettre de la posséder ?”.

Comment tester la vie sans voiture pendant 3 mois au Québec ?

La perspective de vendre sa voiture peut être angoissante. L’approche la plus pragmatique n’est pas de sauter dans le vide, mais de tester l’eau. Mettre en place une “hibernation” de véhicule pendant 90 jours est la méthode idéale pour évaluer concrètement les impacts, tant logistiques que financiers, sans prendre de décision irréversible.

L’objectif est de simuler la vie sans voiture tout en se dotant des meilleurs outils pour réussir. Ce “kit de mobilité” doit être prêt dès le premier jour et adapté à votre réalité, que vous soyez à Montréal, Québec ou Sherbrooke. L’hiver, cela signifie de bons vêtements, un casque adapté et des applications mobiles fiables.

Kit de mobilité d'hiver avec carte OPUS, casque vélo, application mobile et équipement adapté

Comme le montre cette image, les essentiels sont à portée de main : une carte de transport en commun, un équipement de vélo sécuritaire et les bonnes applications pour planifier ses trajets. L’idée est de remplacer un seul outil (la voiture) par une boîte à outils diversifiée. Voici un plan d’action pour structurer votre Défi 90 Jours.

Votre plan d’action pour le Défi 90 Jours sans auto

  1. Mise en hibernation (Semaines 1-2) : Retirez les clés de votre porte-clés et rangez-les. Suspendez temporairement votre assurance auto (vérifiez les conditions avec votre assureur) et notez le kilométrage de départ.
  2. Activation du kit mobilité (Semaines 3-4) : Procurez-vous une carte OPUS chargée pour 3 mois, un abonnement Communauto (formule “Économique Plus” ou équivalent) et un compte BIXI/àVélo. Installez les applications Transit et Chrono sur votre téléphone.
  3. Test des trajets complexes (Mois 2) : Planifiez et réalisez volontairement les déplacements que vous redoutez le plus : l’épicerie hebdomadaire avec un véhicule Communauto, une sortie familiale en transport collectif, ou même un déplacement interurbain en autobus.
  4. Optimisation et bilan (Mois 3) : Analysez votre journal de bord. Calculez précisément les économies réalisées, mesurez votre temps de déplacement moyen et évaluez votre niveau de satisfaction et de stress pour chaque mode de transport utilisé.
  5. Tenue d’un journal de bord : Pour chaque trajet, notez le mode utilisé, son coût, sa durée et votre niveau de stress sur une échelle de 1 à 5. Cet outil sera crucial pour votre prise de décision finale.

À la fin de ces trois mois, vous ne vous baserez plus sur des craintes, mais sur des données réelles et sur votre propre expérience. Vous saurez si le “cocktail de mobilité” est une solution viable pour vous, et quelle combinaison d’options répond le mieux à 95% de vos besoins.

Vélo, métro ou Communauto : quelle combinaison pour vos déplacements montréalais ?

À Montréal, le potentiel d’un “cocktail de mobilité” est immense, mais il n’existe pas de formule unique. La combinaison idéale dépend de votre quartier, de votre situation familiale et de la nature de vos déplacements. Le véritable changement de paradigme consiste à ne plus penser en termes d’un seul véhicule, mais d’une palette d’outils à choisir selon la mission.

Trois profils, trois cocktails de mobilité à Montréal

L’analyse de différents ménages montréalais révèle des stratégies variées. Prenons trois exemples : 1) Un couple à Rosemont utilise Communauto depuis 20 ans pour les grosses courses, mais effectue 80% de ses trajets à vélo, pour un budget transport mensuel d’environ 300 $. 2) Une famille avec trois enfants à Candiac combine le REM, un vélo cargo électrique pour les trajets locaux, et des locations ponctuelles pour les sorties en région, économisant 8 000 $ par an par rapport à leur ancienne vie avec deux voitures. 3) Un couple de retraités sur le Plateau privilégie la marche et la STM pour le quotidien, utilise BIXI pour les loisirs et ne recourt à Communauto que deux fois par mois pour les emplettes volumineuses.

Ces exemples montrent que la clé est la flexibilité. Le choix du mode de transport peut aussi être une question d’efficacité pure. Pour des distances courtes en milieu urbain, l’auto n’est pas toujours la plus rapide. Une analyse de Vélo Québec révèle que pour un trajet de 5 km, le vélo prend 20-25 minutes, alors que l’auto peut prendre de 15 à 35 minutes en comptant la recherche de stationnement, et le transport en commun environ 25-30 minutes.

L’un des plus grands freins psychologiques reste l’hiver. Pourtant, avec le bon équipement, le vélo quatre saisons est non seulement possible, mais aussi gratifiant. C’est ce que confirme le témoignage de nombreuses familles.

C’est bon pour la santé et, l’hiver, ça permet de se réapproprier la saison. Le cocktail de transport nous permet de faire 15 km aller-retour quotidiennement à vélo, même en janvier.

– Annick, mère de 3 enfants vivant en banlieue, Unpointcinq – Mobilité durable en famille

En fin de compte, la multimodalité à Montréal est un exercice d’optimisation. Il s’agit de choisir le bon outil pour le bon trajet, en équilibrant coût, temps et effort, pour un résultat souvent plus économique et parfois même plus rapide que l’auto solo.

L’erreur des Québécois qui gardent une auto à 10 000 $CAD/an pour 10 trajets

L’un des biais cognitifs les plus coûteux est de justifier la possession d’une voiture, avec ses 10 000 $ de frais annuels, pour une dizaine de “trajets d’exception” par an. Le fameux week-end au chalet, la visite annuelle chez IKEA, ou le transport des enfants au hockey sont souvent les derniers remparts qui empêchent de se libérer de l’auto.

L’erreur fondamentale est de comparer le coût d’une solution de rechange (ex: 150 $ pour une location de week-end) au coût marginal de l’essence, plutôt qu’au coût de possession total du véhicule. En réalité, chaque “trajet d’exception” coûte non pas 20 $ d’essence, mais près de 1 000 $ (10 000 $ / 10 trajets). Face à ce chiffre, des alternatives autrefois jugées “chères” deviennent soudainement très économiques.

Il existe aujourd’hui une solution spécifique et abordable pour presque chaque trajet d’exception. Même des tâches comme les courses peuvent être réimaginées, comme le montre l’utilisation croissante de vélos cargos par les familles en milieu urbain.

Famille utilisant un vélo cargo pour les courses dans un quartier résidentiel de Montréal

Pour déconstruire cette barrière, il suffit de lister ces trajets et de leur associer une solution alternative chiffrée. Voici quelques exemples concrets :

  • Magasinage chez IKEA/Costco : Location d’une fourgonnette Communauto (environ 65 $/jour) ou utilisation du service de livraison (environ 79 $).
  • Visite à la famille en région : Autobus Orléans Express (ex: 96 $ aller-retour Montréal-Québec) ou covoiturage Amigo Express (environ 30 $ le trajet).
  • Week-end de ski : Navettes spécialisées comme le Ski-Bus (environ 55 $/jour) ou location d’un véhicule sur Turo pour le week-end (environ 150 $ pour 2 jours).
  • Tournoi de hockey des enfants : Organisation d’un système de covoiturage structuré avec les autres parents via un groupe WhatsApp dédié.
  • Rendez-vous médical éloigné : Services de taxi collectif ou de transport adapté, qui sont souvent subventionnés par les municipalités.
  • Déménagement annuel : Location ponctuelle d’un camion U-Haul (environ 100 $/jour).

En budgétisant 1 500 $ à 2 000 $ par an pour l’ensemble de ces locations et services ponctuels, on couvre amplement ces besoins tout en réalisant une économie nette de plus de 8 000 $ par rapport à la possession d’une voiture. La liberté n’est pas dans la possession, mais dans l’accès intelligent à la bonne solution au bon moment.

Mobilité sans auto : possible à Montréal, Québec, ou seulement en hypercentre ?

L’idée que la vie sans voiture n’est possible que sur le Plateau Mont-Royal est une perception tenace mais de plus en plus dépassée. Si Montréal offre sans conteste l’écosystème le plus complet, de nombreuses autres villes et même certaines banlieues de première couronne développent un “indice de mobilité alternative” de plus en plus élevé, rendant la dépendance à l’auto moins nécessaire.

L’évaluation de la viabilité d’un mode de vie sans voiture dépend de trois facteurs clés : la densité du réseau de transport en commun, la disponibilité de l’autopartage (comme Communauto) et la qualité des infrastructures cyclables. Un score peut être attribué à chaque ville pour comparer leur potentiel.

Le tableau suivant, basé sur des analyses de la performance des réseaux et de l’offre de services, dresse un portrait comparatif de plusieurs villes québécoises.

Indice de mobilité alternative dans les villes québécoises
Ville Score (/10) Points forts Défis
Montréal 9/10 Métro, REM, BIXI, Communauto dense Certains secteurs industriels mal desservis
Québec 7/10 RTC efficace au centre, àVélo Banlieues éloignées, relief accidenté
Gatineau 6.5/10 STO bien développé, proximité Ottawa Étalement urbain important
Sherbrooke 6/10 STS fiable, centre-ville compact Fréquence limitée soirs/week-ends
Longueuil 7.5/10 Accès métro, RTL, proximité Montréal Dépendance au métro de Montréal
Trois-Rivières 5.5/10 STTR en amélioration, centre cyclable Services limités en périphérie

Ce qui est encore plus révélateur, ce sont les témoignages de résidents qui ont fait le saut en dehors de l’hypercentre. Leur expérience montre que la plus grande barrière n’est pas toujours logistique, mais psychologique.

Josiane, mère de 3 enfants à Laval : ‘Avec le métro qui arrive jusqu’à Montmorency et notre vélo électrique, on couvre 90% de nos besoins. Pour le 10% restant, on loue une auto 2 fois par mois. Notre budget transport est passé de 1000 à 200 par mois. Le plus dur n’était pas logistique, mais psychologique : accepter de planifier davantage et lâcher prise sur la spontanéité totale.’

– Josiane, mère de 3 enfants à Laval, Radio-Canada

La transition demande un changement de mentalité : passer d’une logique de “spontanéité absolue” offerte par la voiture personnelle à une logique de “planification intelligente”. C’est un compromis qui, pour beaucoup, est largement compensé par les gains financiers et la réduction du stress lié à la congestion et au stationnement.

Saguenay, Sherbrooke ou Rimouski : quelle ville pour l’accès aux services et culture ?

Pour les villes de taille moyenne au Québec, la question de la vie sans voiture se pose différemment. L’enjeu n’est pas tant la congestion que l’accès aux services essentiels et à la vie culturelle. Le concept de la “ville du quart d’heure”, où l’on peut accéder à tout ce dont on a besoin en 15 minutes à pied ou à vélo, devient un indicateur clé de la qualité de vie sans automobile.

Analyse du périmètre de 15 minutes dans trois villes moyennes

Une cartographie des services accessibles en 15 minutes depuis le centre-ville de trois municipalités révèle des profils intéressants. À Sherbrooke, ce rayon permet d’accéder à 85% des services essentiels (épiceries, pharmacies, cliniques) et à 70% de l’offre culturelle. À Saguenay (secteur Chicoutimi), les chiffres sont de 75% pour les services et 60% pour la culture. Enfin, Rimouski, plus compacte, se distingue avec un accès à 90% des services essentiels, mais seulement 50% de l’offre culturelle dans ce même périmètre.

Ces données montrent que dans les centres-villes de ces municipalités, une grande partie de la vie quotidienne peut se faire sans voiture. Sherbrooke, avec son centre-ville dense et son offre culturelle riche, se positionne comme un excellent candidat pour un mode de vie à faible dépendance automobile.

L’adoption de modes de transport alternatifs se reflète aussi dans les statistiques de déplacement. Selon les données du ministère des Transports du Québec, la part modale du transport actif (marche et vélo) est un bon indicateur de la culture de mobilité d’une ville. Sherbrooke affiche une part de 12%, Rimouski se démarque avec 15%, tandis que Saguenay se situe à 8%. Ces chiffres, bien que modestes comparés à Montréal, témoignent d’une tendance croissante.

La décision de vivre sans voiture dans une ville de taille moyenne repose donc sur un arbitrage : accepter une offre culturelle peut-être moins concentrée en échange d’une plus grande facilité d’accès aux services du quotidien, le tout dans un environnement souvent moins stressant et plus proche de la nature.

À retenir

  • Votre voiture vous coûte probablement plus de 12 000 $ par an en incluant les coûts cachés comme la dépréciation et les frais d’opportunité.
  • La clé n’est pas de tout abandonner, mais de trouver des solutions ciblées et économiques pour les quelques “trajets d’exception” qui justifient la possession d’une auto.
  • Un “cocktail de mobilité” (autopartage, transport en commun, vélo) est une alternative viable et économique dans la plupart des villes québécoises, pas seulement dans l’hypercentre de Montréal.

Pourquoi réduire votre consommation de viande a 10 fois plus d’impact que trier vos déchets au Québec ?

Lorsqu’on parle de gestes écologiques, on pense souvent au recyclage, au compostage ou à la réduction des déchets. Si ces actions sont importantes, il est crucial de mettre notre énergie là où l’impact est le plus grand. Au Québec, le secteur des transports est de loin la principale source d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Repenser sa mobilité est donc le geste individuel le plus puissant que l’on puisse poser pour le climat.

Pour mettre les choses en perspective, comparons l’impact carbone de différentes actions individuelles. Une étude du ministère de l’Environnement du Québec chiffre la réduction annuelle d’émissions de CO2 : l’abandon de l’auto solo représente une réduction de 2.4 tonnes de CO2 par an. En comparaison, l’adoption d’un régime végétarien permet d’économiser 0.8 tonne, et l’optimisation du tri des déchets, seulement 0.2 tonne. Autrement dit, laisser sa voiture à la maison a plus de trois fois l’impact de devenir végétarien, et douze fois plus d’impact que de perfectionner son recyclage.

Cette hiérarchie de l’impact est souvent méconnue, mais elle est fondamentale pour quiconque souhaite contribuer efficacement à la transition écologique. C’est un message que martèlent les experts en changements climatiques.

Le transport représente 35.6% des émissions totales du Québec. Choisir la mobilité durable est le geste individuel le plus impactant qu’un Québécois puisse poser pour le climat.

– Jérôme Laviolette, Expert en transports et changements climatiques, Fondation David Suzuki

Se libérer de la dépendance à l’automobile n’est donc pas seulement un geste pour son portefeuille, c’est aussi le levier d’action climatique le plus significatif à l’échelle individuelle au Québec. C’est une convergence puissante entre l’intérêt personnel et l’intérêt collectif.

Comment contribuer efficacement à la transition écologique sans culpabilité paralysante au Québec

La transition vers une mobilité durable n’a pas à être une rupture brutale et anxiogène. Au contraire, l’approche la plus efficace est progressive, bienveillante et axée sur la célébration de chaque étape, plutôt que sur la culpabilité des “rechutes”. L’objectif n’est pas la perfection, mais une amélioration continue et adaptée à votre rythme.

Plutôt que de viser l’objectif lointain de “vendre la voiture”, il est plus motivant de suivre un plan progressif, où chaque mois apporte un nouveau défi et un nouveau succès. Voici un exemple de plan de transition sur 12 mois, conçu pour être réaliste et encourageant :

  1. Mois 1 : Instaurez un jour sans auto par semaine, idéalement un jour de télétravail ou une journée où vous utilisez exclusivement le transport collectif.
  2. Mois 2-3 : Passez à deux jours sans auto par semaine. Intégrez un trajet à vélo ou à pied pour les courses locales du week-end.
  3. Mois 4-6 : Adoptez un mode “hybride”. Utilisez votre voiture uniquement pour les trajets de plus de 10 km ou pour le transport de charges lourdes.
  4. Mois 7-9 : Faites le saut vers l’autopartage. Suspendez l’assurance de votre voiture et utilisez Communauto pour les besoins que le transport actif ou collectif ne peut combler.
  5. Mois 10-12 : Procédez à l’évaluation complète. Calculez vos économies réelles, évaluez votre qualité de vie et prenez une décision éclairée sur la vente ou la conservation de votre véhicule.

L’élément le plus important de ce plan est le dernier point implicite : célébrer chaque étape franchie. Chaque trajet fait à vélo, chaque jour sans auto est une victoire. Le but est de construire un nouveau système de mobilité, pas de se punir.

Cette philosophie de flexibilité et de choix est au cœur d’une transition réussie, comme le résume parfaitement une experte du domaine.

Entre se débarrasser de son auto et diminuer son utilisation, il y a toute une marge. L’important est d’offrir un cocktail de possibilités et la liberté de choisir ce qui convient au bon moment.

– Isabelle Vaillancourt, Rédactrice en chef, Ma vie sans mon auto, Le Soleil

La prochaine étape logique de votre démarche est donc de commencer. Prenez une feuille, calculez votre coût de possession annuel total et identifiez le premier petit pas que vous pouvez faire dès la semaine prochaine. Votre portefeuille et la planète vous en remercieront.

Written by Antoine Lefebvre, Antoine Lefebvre est urbaniste et expert en mobilité durable depuis 12 ans, membre de l'Ordre des urbanistes du Québec, titulaire d'une maîtrise en urbanisme de l'Université de Montréal et actuellement conseiller en aménagement et transport durable pour une firme d'urbanisme montréalaise. Il conçoit des plans de mobilité active, des stratégies de densification autour des transports collectifs et accompagne des municipalités dans leur transition écologique urbaine.